Arcachon - La Corogne

Douce escale à Arcachon. La traversée depuis l'île d'Yeu a eu son moment d'émotion. Poussée par un bon vent portant la Gazelle s'éclate à suivre son spinnaker, le vent monte, au vent arrière on ne s'en rend pas bien compte, tant, qu'il entraîne un départ au lof, la Gazelle se couche (penche fortement) côté gauche. C'est habituel sous spi, mais là avec un spi asymétrique il n'y a pas de bras à choquer et le bas de la grande voile rouge est dans l'eau ....on n'arrive pas à redresser à la barre, instant de panique pour moi! C'était sans compter sur le sang froid et l'expérience du skipper...au portant Michel aime relever la dérive et le bateau surf sur la houle, dans la situation présente il la descend et le grand dériveur se relève aussitôt, soulagement. Nous comprenons la leçon, rentrer le spi dans sa chaussette tient du génie dans la bouteille, mais il accepte de bonne grâce, et nous l'affalons ensuite prudemment. Le vent soufflera à 30 nœuds une bonne partie de la nuit. Nous aurions pu ou dû prendre un ris dans la grand voile
mais nos 8 nœuds de moyenne nous amènent dans les passes du bassin d'Arcachon avec la marée montante. Il vaut mieux y être avant le jusant ! D'ailleurs on est surveillé : -" la gazelle d'or du cross cap ferret, avez vous déjà emprunté les passes du bassin?"  oui -" combien de personne à bord ?"-deux- "Bonne journée"- bon quart!
Escale familiale et paisible. Le port est grand, nous trouvons une place qui nous permet de nous accoster par l'arrière ainsi il sera aisé pour Maman, 93 ans, de monter à bord par la jupe arrière. Samedi déjeuner à bord au port. Merci à Benjamin et Marie d'avoir partagé avec nous leurs expériences de jeunes internes en chirurgie orthopédique et médecine générale. Ils sont motivés et travailleurs . Le ressenti exprimé, là aussi, est, comme à Grenoble, que la pédagogie hospitalière à des progrès à faire pour accompagner ses jeunes médecins vers la connaissance de leur art. Et en même temps savent ils que s'ils persévèrent dans cette attente et s'ils y croient ils trouveront le maître qui leur convient et qui les attend quelque part.
Merci à Bernard toujours prêt à réparer quelque chose ... Ça nous rappelle quelqu'un, d'ailleurs Michel l'appelle " Dominique"!
Dimanche, sortie en mer, Maman est debout dans le cokpit, regarde tout avec le ravissement de l'enfant, qu'elle retrouve en elle, heureuse sur la pinasse de son père. Comme eux il y 80 ans, nous allons mouiller au mythique banc d'Arguin, aquarelle de bleus, jaunes, verts d'eau, ocre et ciel. On se jette à l'eau, le bain est délicieux, l'eau veloutée, presque soyeuse tellement elle est bonne. 
La mécanique quantique, pour ceux qui ne connaissent pas: l'expérience des fentes de Young explique la nature corpusculaire ET ondulatoire de la lumière. Un faisceau lumineux qui passe par une fente fait une bande lumineuse sur un écran et en signe ainsi la nature corpusculaire. Un faisceau sonore qui passe par une fente ne fait rien sur un écran. Si on fait passer ce même faisceau lumineux par deux fentes, on n'a pas sur l'écran derrière deux bandes lumineuses comme on pourrait le croire mais une frange d'interférence exactement comme le feraient deux ondes sur une surface liquide. La lumière a la double nature particulaire et ondulatoire EN MÊME TEMPS.
Si on fait la même expérience avec un "tir" en quelque sorte de photon à l'unité , stupéfiant on observe une frange d'interférence sur l'écran placé derrière les fentes . Ce qui suppose que le photon est passé par les deux fentes en même temps et qu'il interfère avec lui même après la fente pour donner un motif d'interférences sur l'écran.
La version moderne de cette expérience démontre deux autres qualités quantiques hallucinantes pour notre mental rationnel et temporel. C'est l'expérience dite du " choix retardé". La première est que la manifestation corpusculaire de la lumière ne se manifeste que si un observateur est présent et la deuxième plus incroyable encore est que si l'observateur ( deux caméras fixées sur les deux fentes qui voient passer les photons par l'une OU l'autre des fentes) est enlevé après que les photons lumineux aient traversé les fentes, et aient fait deux impacts lumineux sur l'écran, la lumière reprend sa dimension ondulatoire pour laquelle il n'y a pas de temps, et instantanément la lumière "revient avant les fentes" et "passe par les deux fentes" en MÊME TEMPS et va se voir sur l'écran comme une frange d'interférence. La même chose a été observée pour d'autres particules comme l'électron...
Alors pourquoi est ce si intéressant? Parce que nous sommes constitués de photons et d'électrons entre autres, et donc notre corps a également cette double qualité onde/corpuscule.
Le quantique c'est l'idée du lien, rien n'existe de manifesté dans l'espace-temps que par l'interaction entre l'extérieur et le sujet qui l'observe ! Comme le dit Lynn Mac Taggart dans  Le lien quantique  :-" la relation la plus irréductible de toutes est peut-être celle qui existe entre la matière et la conscience qui l'observe, tout ce qui finalement rend quelque chose réél est le lien alchimique entre l'observateur et l'observé"

Merci à Maman pour son accueil et ses bons dîners. Merci pour ton intérêt pour mon livre et pour les commentaires ou corrections que tu pourras lui apporter.
A Rémi pour son humour, -" c'est la première fois que vous avez cette discussion ! " nous dit il sur un ton interrogateur à Maman, Béné et moi alors que pour la cent ième fois nous débattions pour savoir  si Papa avait réglé  les deuils de son enfance ..., quand on pense que dans la vie en réalité on ne décide de presque rien, c'est elle qui décide tout ... Nous on ne peut que le vivre bien ou pas !
Cela n'empêche pas la vie de nous enseigner que parler de ce que nous vivons pour mieux le comprendre, mieux l'accepter, nous libère des fantômes et démons qui sinon trouvent cachette dans notre âme et y grouillent en se repaissant de nos émotions. Je cite encore Stéphan Sweig, à propos de Freud :-"celui qui a appris à comprendre l'être humain en lui même le comprend en tous les hommes." Et plus loin : -" Par cette vision meilleure des lois psychiques il a propagé dans le monde une délicatesse et une indulgence plus grandes. L'art de se comprendre mutuellement, (...), grâce à Freud on s'est rendu compte dans un sens nouveau et actif de l'importance de l'individu, de la valeur unique et irremplaçable de toute âme humaine." Et j'ajouterai de la possibilité toujours présente qu'a cette âme de trouver son accord juste, sa vibration harmonieuse, pour sa joie et celle de son entourage.
Merci à Fanny pour sa douceur
A Béné et Bernard pour leur indéfectibilité 
Bénédicte parle de refaire du chant... Si de m'en parler est en fait une demande à la vie, la réponse est oui ! Et si d'évoquer la proposition de pratiquer du chant harmonique avec une femme "d'une autre planète", dit elle, alors à cette question la réponse est oui et encore oui!

Des questions
Si l'observateur dans l'expérience sur la lumière manifeste la nature corpusculaire de celle ci , est ce parce qu'il s'agit d'observation par le regard, les yeux ? Car l'écoute du son , de l'onde sonore ou radio ne révèle pas de nature particulaire? L'observation par le toucher est matérielle aussi !
Est ce quelqu'un a des infos sur ce sujet ?

Marcel Ruffo dit :" le père, c'est celui qui est sur le pont quand le vent se lève."
L'observation de Michel est aussi que le père doit être sur le pont pour que le vent souffle, propulse le navire, l'aide à quitter le port et à avancer... Que les pères soient sur le pont! Et que nous les reconnaissions, nous, les mères, qu'ils soient concrets ou symboliques. C'est à dire vivons le fait que les enfants ne nous appartiennent pas, qu'ils ont à écouter l'appel de la vie, à elle-même, de leur père céleste et intérieur. Et c'est leur père temporel qui leur ouvre la porte et leur largue les amarres. Cela peut être par l'intermédiaire d'un professeur, d'un ami, d'un thérapeute, d'un directeur ...Tout besoin de trop protéger son enfant est un complexe de toute puissance et les peurs sont le revers de ce complexe et réciproquement. Les peurs entraînent le besoin de tout contrôler et en découlent. Le manque de confiance en la vie et aussi l'ambition d'avoir du pouvoir nous font mordre au leurre d'être plus fort que la peur en imposant notre volonté à la mort crois-t-on, mais en vrai à nos maris, à nos femmes, à nos enfants, nos familles, nos amis ...à la Vie elle même !
Merci Maria de nous avoir rappelé la chanson :" Je Connais des bateaux ... Qui restent au port...ou qui s'en vont deux par deux ! 
Comme J.P.Sendker l'exprime bien dans son beau livre " L'art d'écouter les battements de cœur "

Au moment du départ il y avait aussi un vague à l'âme plus profond... plus sourd. Vague à l'âme au moment de prendre la mer, de partir, de quitter, dont on entend le bourdonnement quand s'estompe le brouhaha de la terre, mais vague à l'âme qui fredonne aussi, léger et joyeux, fortement coloré d'émerveillement, car " Ailleurs n'est jamais loin lorsqu'on aime", joli livre de Richard Bach En pensée on se contacte quand on veut, il suffit de se brancher sur la bonne fréquence et d'être attentif...n'est ce pas Laure et Flavie. Lorsqu'on aime on est onde et hors espace- temps

Nous arrivons après 30 heures de mer à St Vincente de la barquera. Un petit ponton désaffecté nous accueille pour la nuit. Les bras de mers remontent dans les terres découvrant à marée basse de grands bancs de sable clair. L'eau passe sous un vieux pont en pierre qui demi-encercle la ria. Le site est magnifique, il y a les fortifications d'une vieille ville, un château et sur les hauteurs, une ancienne basilique. De petites ruelles entre les maisons de pierres qui protègent du vent en hiver et de la chaleur l'été.

Nous longeons la côte nord de l'Espagne, la Sierra de Cuera, le relief est très élevé avant d'arriver au niveau de Gigon (Réronne , ces montagnes au bord de mer sont insolites pour nous qui sommes de la côte atlantique française plutôt basse ! Les nuages nous masquent les monts Picos des Europa, mais les savoir là tout proche nous émeut. Est il vrai que par beau temps on peut le voir depuis les sommets pyrénéens ? Le point culminant est le mont Cerredo 2640m.

Deuxième escale à Giron, grande ville, capitale des Asturies. Port sympathique spacieux, peut-être parce que nous sommes les seuls visiteurs d'une nuit
La Vieille ville est à proximité du port, plazza Mayor, des arcades, un vieux bâtiment administratif fortifié, une vieille église. La région est celle du cidre nouveau, sidra, servi en levant la bouteille haut au dessus de la tête au bout du bras droit tendu tandis que le verre est en bas au bout du bras gauche tenu sous le jet qui tombe d'en haut pendant que le regard du serveur se perd au loin...
Au retour nous nous coulons sous la douche brûlante des sanitaires déserts. Appel de Gaud du Canada, ravie dans son nouvel appartement lumineux et dont le balcon semble une cabane des les arbres. Ils se préparent avec Jonathan à rejoindre Jeanbaptiste en Sicile  
Lendemain sur la mer cantabrique le vent est en repos, ou souffle ailleurs ... Pour profiter du paysage nous restons prés de de la côte. Les falaises beiges de cette province d'Oviedo, sont surmontées de plateaux verdoyants. En second plan les montagnes ont la couleur sombre des forêts qui les couvrent, clairsemées de l'éclat blanc des carrières de pierres.
Journée au moteur, j'ai le temps de finir " L'art d'écouter les battements de cœur"
Pour ceux qui veulent des idées de livre en voilà un, à déguster lentement, laisser infuser en soi, assimiler les descriptions de la nature ondulatoire de l'amour, ou la lumière, dans les expériences, les ressentis et la relation de MiMi et de Tin Win ...