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8 août 2017

TRAVERSÉE-1-

 

Mercredi 2 Aout J'ai eu le sentiment  de quitter St Pierre un peu précipitamment sans trop savoir pourquoi ...Peut-être est ce le départ du Rara Avis qui nous invitait à le suivre, peut-être parce qu'il faut bien partir à un moment, peut être parce que nous étions désappointés  et un peu honteux de ne pas avoir vu plus tôt que la dévouée jeune femme qui nous a vendu la carte Iridium à Baie Comeau, grâce à notre ami Pierre, s'est trompée en l'enregistrant et par automatisme à activé la carte SIM pour Canada et Alaska seulement . Enfin et surtout parce que Michel s'était fixé aujourd'hui en se levant le matin. Michel a beaucoup d'informations et de réponses pendant la nuit ...J'obtempère, mais en voyant les amis sur le quai, Manu le responsable de l'école de voile au sourire si doux, Nicole et JeanLuc arrivés depuis 1 h sur leur Manara et les toujours si sympathiques Québécois (5 bateaux des îles de la Madeleine vont courir le "rallye des cousins " St Pierre - Cap aux Meules avec leur amis d'ici départ le 5 août), j'ai eu un brin d'angoisse. 

Beau temps calme nous sommes au moteur et le stress prend une allure de torture : avons nous bien fait ? Est ce que je m'écoute vraiment en partant ? N'aurions nous pas dû nous poser un peu prendre le temps de régler nos questions d'iridium, d'eau dans les toilettes arrières, d'attendre une meilleure météo... ?

Michel me voyant autant flippée me propose de relâcher au Sud de Terre Neuve ...mais ça fait non aussi à l'intérieur... il faut avancer et profiter du temps calme on sera contents d'arriver...Michel appelle Guillaume avec son cellulaire car nous avons encore la 4G pour lui demander de téléphoner demain pour l'Iridium... -En arrivant dans les eaux Canadiennes  au Sud de Terre Neuve on a essayé de téléphoner avec l'Iridium mais même là ça ne marchait pas.-Par contre nous recevons le SMS de notre fils aîné et lui  reçoit le notre . Ils  discutent tout les deux du routage, ils sont d'accord, route directe le plus possible, Mich est content. On dîne, on tire des cartes Papillons, Michel est invité à "plus de réflexion et de vigilance dans ses achats" ...et moi à "m'affranchir des peurs" et au "Départ ..." trop drôle, les cartes oracles papillons ne prédisent pas l'avenir, (pour rassurer certains) mais sont des sortes d'antennes quantiques qui captent les messages de notre inconscient qui n'étant pas mental, qu'est il ?, ne connait ni le stress, ni l'angoisse, ni la peur. Il est sans doute de l'information! 

La nuit s'annonce avec une demi lune, le vent se lève un peu, on hisse la grand voile avant la nuit. Michel installe l'hydrogénérateur sur la jupe arrière, la brise se confirme : 10 nœuds on déroule le génois et on stoppe le moteur on est à 6 nœuds. Il est minuit et demi ...je m'installe dans la cabine arrière, impensable au près de dormir dans la cabine avant, contre le bordé (la cloison extérieure) la  nuit est fraîche sur les bancs de Terre neuve mais bonne. Michel dort un peu sur le banc du  cokpit et me réveille à 5 h 1/4 car j'aime voir l'aube arriver . On a fait 50 miles, à l'est, c'est le bord favorable car Flores est au 114 ...Jeudi matin les vents nous font taire une grande virgule vers le Nord Est et nous amènent contempler les falaises du Cap Ste Mary sur la péninsule d'Avalon sauvage et pelée . Les pentes inclinées des falaises sont blanches ...oui blanches mais  à cette saison  pas de neige, de fous de Bassans, comme s'il en avait grêlé. En période de nidification ils couvrent toute la surface des promontoires pour notre enchantement ( photo)  Des milliers et des milliers d'oiseaux dont aussi des Macareux , des Guillemots, des Sternes concentré sur cette péninsule, réserve naturelle validée par les humains. Le reste de la journée on tire un grand bord au Sud à la voile 5 nœuds de moyenne. J'admire Michel toujours motivé pour l'entretien du bateau, il refait l'étanchéité du cabinet de toilette arrière . Je lis " Ceux qui restent " de Marie Laberge, québécoise au verbe coloré et chaleureux, sensible et juste. 

Vendredi le jour se déroule comme la nuit moitié moteur au Cap, moitié voile à 60 degrés de notre route. Le matin le moteur est encore en baisse de régime ...Michel change le préfiltre à gasoil déjà plein de saletés dues aux bactéries qui se sont développées lors des fortes chaleurs du mois de Mai à Quebec et parce que nous avons trop attendu pour mettre le traitement. Le temps est couvert, je lis toute la journée et finis Marie Laberge . Le livre est la complainte de détresse et de douleur, de honte et de culpabilité d'une jeune femme et de son fils aprés le suicide atterrant et incompréhensible du père qui se mue en chant d'espérance, d'amour et de joie, avec crisse d'humanité...Il y a beaucoup de dialogues et on se fait au vocabulaire québécois parlé. Pendant ce temps mon mécano préféré nettoie le préfiltre de gasoil car nous n'en avons plus qu'un neuf pour la traversée jusqu'aux Açores où notre fille nous en amènera. Donc il faut économiser ceux qu'on a et après l'avoir fait tremper dans de l'essence il le brosse délicatement. 

Au début elles sont trois ou quatre et suivent le bateau toute la journée. Je suis ravie, elles sont si jolies avec leur col blanc, leur tête blanche ou noire, leurs longues ailes grises légèrement gantées, leurs ventres blancs. Elles planent juste à côté du bateau, jouent avec les turbulences engendrées par nos voiles, passent et repassent dans notre sillage. Puis le soir elles sont une dizaine, et le lendemain des dizaines dans notre sillage au dessus de la ligne de pêche. Elles s'excitent au dessus des leurres, piaillent, décollent à tire d'aile, virent et reviennent amerrir. Pour ça elles sortent leurs deux pattes palmées et soit se posent tout de suite, soit surfent sur leurs pattes avant de s'arrêter, soit courent à toute vitesse à la surface de l'eau et reprennent de la hauteur. Elles sont drôles et je les regarde longuement ...Nous ne sommes pas du tout pêcheur, rien attrapé depuis que nous naviguons sur la Gazelle d'or et ce qui va suivre met un point final à nos tentatives. Depuis trois jours nous avions  mis une ligne à la traîne assez loin derrière le navire et j'avais j'avoue le plaisir de contempler les mouettes dans notre sillage ...quand tout à coup je vois un gros poisson qui remonte à la surface accroché à notre ligne. Je comprends pourquoi les mouettes criaient autant Je réveille Michel qui faisait la sieste et tout contents nous halons notre prise...c'est trés lourd ca tire dur, il semble gros, avec une tête argentée, c'est long d'enrouler toute la ligne, Michel ramène le fil de nylon et je le tourne  sur le support, on est motivé ...mais au fur et à mesure que les hameçons se rapprochent notre espoir diminue on ne sait pas pourquoi mais on sent que cela ne ressemble pas à un poisson...et en effet malheureusement, je suis désolée, c'est une mouette qui s'est faite attrapée en voulant pêcher le leurre et tirée depuis quelques temps déjà avant qu'on s'en aperçoive elle s'est noyée et le pire c'est qu'il y en a une deuxième derrière.   Pardon les mouettes, comment se sont elles faites avoir? Les leurres n'étaient ils pas assez profond dans l'eau?  Michel avec des gants décroche les hameçons bien planté dans leur bec et les rend à la mer...ça piaille dur derrière le bateau, certaines pleurent d'autres sont en colère, on les comprend, ou bien simplement veulent elles du poisson

Je veux arrêter mais Michel a envie de retenter en mettant plus de longueur de ligne pour que les leurres soient plus profonds. Nous relançons la ligne ...et, en fait,  à peine 15 mon plus tard  de nouveau des cris et de l'agitation chez des mouettes derrière nous, je regarde et dit à Michel je crains qu'il y en ai une autre de prise, il faut enlever la traîne. Les mouettes quelque fois en venant se poser dans notre sillage se prenaient les pattes dans le fil de nylon de la ligne de pêche qui les faisait trébucher. Michel est d'accord et on rentre  la ligne . Il y a en effet une mouette prise dans un hameçon et la encore, une deuxième mais heureusement cette fois elles sont vivantes ...Michel attrape la première et j'enlève l'hameçon planté dans son aile on la remet à l'eau elle est un peu sonnée mais ça va elle s'envole, la deuxième elle s'est emberlificotée dans le fil de nylon, Michel la tient par le cou, elle se laisse faire pendant que  je la démêle doucement, en faisant attention aux hameçons, des tours du  fil qui l'enserrent, le capitaine la relâche et elle aussi déploie ses ailes joyeusement ... Et bien ! Deux qu'on libère... tant mieux ...On range la ligne qui a de toute façon perdu le leurre du bout. La pêche ce n'est pas pour nous. Depuis, quelques mouettes nous suivent calmement en hauteur. Il me plait à penser que ce sont celles qu'on a libérées et je leur donne le nom du cargo qui est passé à 1/2 miles de nous peu après Ikan(I can) et Kerapu. Étonnant épisode ! Le soir je fais un cake à la patate douce. SMS de St Marc, les filtres à gasoil sont récupérés chez Dominique, la petite famille descend  dans les Pyrénées , bonne route

Samedi 5 août, Beau temps, SMS de Bon anniversaire à  JB . Ils sont à st Malo soleil et running en amoureux.

Nous poursuivons sur le bord favorable au 150 environ et descendons bien Sud , l'air se réchauffe. Le vent forcit un peu et sur les bancs de Terre Neuve où la profondeur n'est encore que de 70 mètres en moyenne  cela lève une mer hachée dans laquelle la Gazelle au près serré cogne, tape et parfois tombe d'un mur d'eau avec grand bruit. Je n'aime pas ça et nous décidons sagement d'abattre un peu pour adoucir la rencontre avec les vagues et sortir plus vite des bancs car notre route nous fait passer exactement où nous ne voulions pas, là où les bancs sont le plus étendus. Je pense à la vie des pêcheurs des grands bancs racontée par le père Yvon " aumônier des terre-neuvas " en 1934. " Pendant huit mois de mars à octobre les forçats de la mer sont au travail de 3h du matin à 21h. Sur le trois mats ils préparent les lignes, démêlent, dénouent, réparent et boëttent ( pose d'appâts ) À bord des doris, chaloupes  légères à rames, ils vont lever les lignes et traînent leurs morues pendant deux trois milles à force de bras, dans une embarcation chargée à 15 cm de plat-bord. Arrivés à bord du voilier la morue il faut la préparer, l'ébrèguer, la décoller, la trancher, l'énocter, la laver, l'empiler, la saler ..."

(ébrèguer: vider; décoller: couper la tête ; trancher: couper la colonne vertébrale; énocter: vider les deux poches de sang) Et le père Yvon voit en eux " des prodiges de courage, d'endurance et d'adresse."     Les marins sont fiers de l'avoir à bord. Il va raconter leur vie et même les filmer ! "Attention les gars faut bien se tenir "

Dimanche 6 aout même Cap, vent 15-20 nœuds. Gâteau au chocolat. SMS de G avis météo : demain dernier jour de près, c'est encourageant. Lundi ça forcit dans la nuit, vers 2h du matin Michel prend le 2ème ris et on roule le génois pour mettre la trinquette. On réduit assez vite dès que le bateau gite trop et on ne perd rien en vitesse. La mer est forte probablement du fait de la dépression qui passe à l'Est de notre zone. La nuit est blanche pour Michel et hachée pour moi. Michel me réveille à l'aube c'est un plaisir  toujours rassérénant de voir le soleil émerger  de l'horizon.  Je lis " Quelques pas dans les pas d'un ange" par David Mac Neil le fils de Marc Chagall dont "le doux sourire de faune comme celui du chat d'Alice aux pays des merveilles, reste toujours visible même quand lui a  disparu " 

Le temps se dégage complètement, grand ciel bleu infini. En fin d'après midi le vent tombe tout à fait. Avant de démarrer le moteur ayant goûter la tiédeur des embruns je fais une petite trempette accrochée à l'échelle de la jupe arrière, quel bien ça fait !!! Puis une bonne douche, entre le froid et les exigences du bateau nous n'en avions pas pris depuis 5 jours... seulement fait des toilettes. Depuis que la mer est plate je vois passer de petits objets qui flottent à la surface. Les premiers j'ai cru que c'était un genre d'emballage plastique. Puis en regardant mieux avec des jumelles on aurait dit des pinces pour les cheveux transparentes légèrement rosées style coiffure chinoise. C'est bizarre, est ce une caisse tombée d'un navire de transport ? C'est décevant, cela salit  la mer!!! Je veux en avoir le cœur net c'est étonnant qu'elles flottent comme ça tranquillement alors que quelques heures plus tôt il y avait une mer forte et 25 nœuds de vent. Il y en a des dizaines et des dizaines. Et puis  si ce sont des pinces, en ramasser une au milieu de l'Atlantique c'est rigolo comme souvenir ... Tout ce qu'on se raconte ...je réussis à persuader Michel de m'aider à en attraper une avec notre petite épuisette. Pas si facile de les approcher correctement pour que je puisse en me penchant à l'arrière du bateau, à l'avant le franc bord est trop haut, les ramasser dans le havenet. On fait plusieurs fois la manœuvre mais elles dérivent un peu loin. Michel se prend au jeu, " ca fait un bon entraînement " dit il et je pense qu'il est alors plus motivé et on y arrive...il contourne deux petits o.f.n.i et laisse le bateau "tomber" sur eux. En me penchant, Michel avait insisté pour que je mette un gilet de sauvetage, j'en recueille un dans l'épuisette fière de mon trésor et éclate de rire, on est vraiment ignorant, ce sont de très jolies petites méduses avec un corps gonflé comme un petit ballon transparent en forme de croissant dont le bord convexe serait une couronne de roi, leurs entrailles et leurs palmes sont violets. Je la remet à l'eau après deux trois photos. J'espère qu'elle ne s'est pas déshydratée. Peut-être sont ce des bébés ? Elles sont ravissantes ressemblent à certains coquillages et je suis bien heureuse d'avoir élucider ce mystère. Je n'ai pas trouvé leur nom sur internet.  Beau coucher de soleil que Michel à le plaisir de voir car il a fait une grande sieste après sa nuit debout. Quand le temps est meilleur il sort des coussins et un duvet et somnole la nuit sur un banc du  cokpit. Comme d'habitude je prends le premier quart... qui pour moi est un huitième car il est de deux heures. Michel assure de 23h à 5 h du matin et ensuite mérite  un bon repos jusqu'à dix heures dix heures trente. Il n'a pas besoin de beaucoup de sommeil en traversée. Il récupérera après. Cette nuit le vent s'est levé de 3h à 5h et soufflait d'ouest, hourra ! 

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Lundi 7 À nouveau au moteur ... on est à 650 miles de Flores ...on a parcouru presque la moitié en 5 jours 1/2  Le roi sort de son bain nocturne. L'eau très calme  permet d'apercevoir encore à sa surface des petites bulles boursouflées au joues rebondies et rosées qui voguent tranquillement sur la mer jolie. Je lis en diagonale " j'ai toujours cette musique dans la tête " de Agnes Martin Lugan c'est intéressant mais d'emblée le style est moins spontané que dans ses premiers romans  Mardi 08-08-17 soit 8-8-8 ouah,  que du bonheur à l'infini, et pour le confirmer un petit compagnon clandestin arrive ce matin, un petit canaris je crois, il est tout jaune . C'est incroyable à 600 miles des côtes À nouveau le moteur patine. Je baisse le régime pour laisser le skipper dormir. La demande de gasoil étant moins forte le filtre assure.À son réveil après un frugal petit déjeuner Mich change le préfiltre, il est plein de lambeaux ...il le remplace par celui qu'il avait nettoyé en début de traversée et ..ça marche très bien, on enchaine sur nettoyage rangement lessive. Le temps magnifique et chaud permet d'investir le pont du bateau et je vais à l'avant regarder la vague d'étrave, la mer au loin, je vois passer un banc de dauphins, mes petites copines méduses... faire un peu de gym...Pendant ce temps le vent monte et nous pouvons remettre les voiles au portant. Vers 15h nous envoyons le spi, tout se passe bien. On hisse le spi dans sa chaussette et ensuite on relève la chaussette jusqu'en haut du mat et la fine voile  rouge libérée  de son cocon, se déplie dans un froissement de tissu et s'arrondit de plaisir fière de tirer la Gazelle au cap. Et...surgit sur la voile un beau papillon bleu 🦋 ...clin d'œil ! ...emblème de Sail Concept. La navigation sous spi est très câline, le bateau glisse légèrement sur les flots et atteint les 6,5 nœuds avec 8,5 noeuds de vent. Je fais des tentatives de nourriture pour Titi. Je mets des miettes de pain, des graines à germer, du beurre ...je ne sais pas ce qu'il aimera, je laisse de l'eau douce dans une bassine . Au début il volette partout en fuyant des qu'on arrive puis il se réfugie dans des petits coins à l'abri du soleil et du vent semble t il, puis dans le carré...où il se blottit dans un  coin et on ne le voit plus.

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SMS : MA et É sont bien arrivées dans les Pyrénées il fait beau, demain du portant route directe.  Avant la nuit nous affalons le spi par prudence et sous génois la Gazelle tangente les 6 nœuds grâce aux 8 nœuds de vent de Sud ouest.  Je prends le premier quart, la lune se lève. L'air est beaucoup plus chaud, on ne met plus nos vestes de quart même la nuit. La grande Ourse au dessus de nous, à l'Ouest au dessus d'elle la petite Ourse et le W de Cassiopée. Certains soir au Sud  on voit magnifiquement le Scorpion et le Sagittaire.Je relis tes mails Pierrette si riches et généreux. Je relis aussi vos mails Anne Laure et je pense à vous et aux quatre enfants, je sens la force de Vie qui est en vous belle, re-belle, exigeante, un peu sauvage et passionnée, -" invitation à la reddition à la Vie ..."Je pense à toi Angèle, que de la Clarté vienne, elle sera à la mesure de ton courage et de ta générosité  La navigation se déroule bien... à suivre

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