Flores et le départ

De ......De Lages au Canada...

Lajes, Port de Flores, jolie escale. Arrivée de nuit la Gazelle choisit le mouillage pour dormir dans une petite anse à l'entrée du port et le sommeil est très bon et réparateur malgré les commérages des mouettes de la falaise un peu excitées par cette intrusion dans leur écosystème

Au réveil après un bain et la reconnaissance à la nage de disponibilité dans le port nous allons nous amarrer le long d'un ponton en nous glissant gracieusement entre un voilier anglais et un canadien. Rangement fait nous allons à terre, le front de mer est sobre mais égayé de lauriers blancs et d'orthensias. Tout de suite nous sommes interpellés par Sara , française qui a une maison dans l'île achetée il y a 6 ans et qui vit depuis un an sur son bateau Tekelep, qui veut dire crêpe en Inuit, bateau-crêpes-galettes tour du monde, avec son mari Jeanphilippe et leur fils Gaspard 2ans. Sara nous propose des crêpes et sa voiture pour visiter l'intérieur. Génial ! la route est bordée de canas rouges et jaunes, instant magique, on n'a qu'une 1/2 journée et on va faire le tour des 7 lacs de cratère, lagoa Funda, lagoa Rasa, lagoa Negra et Comprida, ...on les contemple de haut car baignant le fond des volcans endormis, ils ne sont pas facilement accessibles. Salutations au point culminant de l'île à 914 m, le Morro Alto fait barrage au nuages du Nord et nous offre une splendide vue sur les côtes sud et ouest. Puis retour par Faja grande, petite municipalité aux pieds de hautes falaises striées par des cascades et des orgues géologiques, le fameux Rocha dos Bordões, résultat de la solidification du basalte en hautes stries verticales. Révérence, noblesse oblige, à l'îlot Montchique terre la plus occidentale de l'Europe ! Halte à l'église de Lajes, Notre Dame du rosaire qui domine le port, ou ND des angoisses, nous te confions les nôtres et recevons le rayonnement de Marie couronnée en retour ! Merci!
Nous rendons sa voiture à Sara, merci beaucoup! Je lui offre mon premier livre, elle me donnera son avis de navigatrice ;)
Petit face Time avec les enfants et petits enfants. Flavie et Laure nous récompensent de leurs beaux sourires. Tous nos enfants nous souhaitent bonne navigation et nous encouragent, un grand MERCi à eux. Ils sont fiers de nous et c'est bien réciproque ...;) Jeanbaptiste qui ne viendra pas sur la Gazelle cette année car il est sur son Amadeus... nous souhaite "que la force et le vent soient avec vous"...Idem pour toi mon fils sur la belle Méditerranée, sur les eaux grecques et turques...[peut-être passeras tu à Patmos l'île de saint Jean, l'évangéliste et de l'écriture de l'apocalypse...que sont ces Aigle, lion, taureau, et homme que st jean a vu et décrit seulement "des métaphores énergétiques "ou aussi autre chose ..?
Dîner sur le port à Biera Mar, pas très locale comme cuisine mais les légumes de la pizza végétarienne sont frais et bons ;) j'en ferai une à bord ! Il est un peu tard nous sommes contents d'être à quai, nous avons pu ramener quelques courses. Nous nous endormons vite mais à trois heures du matin la Gazelle nous réveille de ses ruades impatientes, un vent de Sud Est souffle dehors et fait du ressac dans le port. Nous doublons l'amarrage, ...ce qui n'a pas vraiment pour effet de calmer notre fier coursier qui va s'agiter jusqu'au départ mercredi 10 août à 13 h. Alors libérée se ses entraves elle s'élance joyeusement
Nous ne saluerons Corvo, 9ème île, que de loin lorsque sa silhouette se dessine à l'horizon au large de Flores. Nous retrouvons le grand large, bon plein nous glissons à 6/7 nœuds et les miles défilent. Hier bleue , ce matin l'océan est d'un gris-bleu marine profond. Un geyser à tribord attire mon attention est ce l'écume d'une petite déferlante? Non ça monte trop haut par rapport aux vagues et ça se reproduit ... Alors je la vois, son grand dos noir, elle croise notre route, bonjour Madame, elle se rapproche mais quand je me penche dans la cabine pour appeler Michel elle s'éloigne, au revoir, merci pour cette petite visite. Ce soir la mer s'habille d'une belle robe vert-gris métallisé. Après le coucher du soleil le ciel est une peinture chinoise, de fines montagnes pointues se découpent en sombre nimbées d'une lumière ocre clair sur fond bleu pâle.
Deuxième nuit en mer, agitée par le souci de l'Iridium qui ne marche pas, ce n'est pas très grave... et surtout par de forts orages, les éclairs illuminent la nuit, le tonnerre gronde et me rėveille au bon moment pour enfiler combinaison cirée et aller aider Michel sous la pluie à prendre un ris et passer sous trinquette. Dans les grains le vent monte. Au matin c'est plus calme, encore quelques rafales, petit à petit le ciel se dégage. 300 miles parcourus, 1/4 de la route pour la Gaspésie . En milieu d'après midi, le ciel bleu est revenu
Ce soir belle surprise un appel de Guillaume, même si ça ne fait que trois jours qu'on est tout seul au milieu de la mer, qu'est ce que ça fait du bien... La vie à terre, normale, Flavie qui à la plage nage jusqu'à "pas pieds" avec son papa et rentre toute seule avec ses nageoires ...Guillaume nous encourage et nous donne le bulletin météo
Je prépare un petit dîner, purée d'ignam et patates douces. Je monte sur le pont à temps pour le festival : un grand banc de Globicephales noirs nous suit de leurs bonds amples, souples et lents. Ils font bien 6 m de longs, cétacés très sociables, ils sont bien une vingtaine derrière nous à sauter à la surface deux par deux, trois par trois ou quatre par quatre, ils sont connus pour être très solidaires les uns des autres ...tout d'un coup Michel s'exclame -"oh là c'est énorme ! " A tribord au loin on voit sauter une baleine, énorme saut vertical, un saut puis deux ...et plus tard le ciel se peuple de dizaines de plumes, ailes de libellules et ailes de papillons, plumes de paon, un cerf me regarde étonné, une licorne s'éloigne, d'immenses flammèches blanches et de fumeroles grises dansent autour de l'astre qui descend teintant d'orange le ciel et la mer. Il a convoqué tout ce monde éthéré pour leur confier ses instructions avant de continuer inlassablement son travail autour de la terre . Il est toujours le même, indéfectible, brille invariablement, Il est pourtant pour nous toujours nouveau, chaque aube amène avec elle sa cargaison d'énergie renouvellée. Chaque matin semble le premier matin du monde. Chaque aube est une naissance, instant magique, temps suspendu, éternité.
Par moments le Kinomichi me manque, alors dès que "les temps " le permettent je fais des diagonales ou des terre-ciel sur le pont avant ou dans le cokpit. Un matin tôt la Gazelle au mouillage à côté de Praia de Vitoria, la petite famille encore endormie, sur la plage rejointe à la nage nous avons un peu pratiqué avec Michel, I ten et I chi ...premier mouvement de ciel et premier mouvement de terre...