Les Açores-1-
Les Açores...
Arriver en bateau dans une nouvelle contrée a quelque chose de très positif pour nous dans la mesure où l'on ne se sent pas touristes ... en effet, à l'inverse du trajet en avion, on arrive lentement, le voyage dure plusieurs jours ou semaines, on arrive avec sa maison, on est citoyen de la mer d'abord et ce pays océanique est planétaire. C'est mer-veilleux! D'emblée on est un habitant du port, cette zone frontalière qui, contrairement à l'aéroport, est un lieu de vie avec ses codes, ses rites, ses rencontres et un lieu où il fait pratiquement toujours bon vivre! Amarré à quai ou au ponton on a l'éléctricité et l'eau, il y a toujours un petit super mercado pas loin. Le maître de port est la plupart du temps accueillant et sympathique et l'on a toujours du plaisir et de l'intérêt à écouter les navigations des autres plaisanciers. Aux Açores comme nous ne parlons pas le Portugais cela limite un peu les échanges, heureusement beaucoup d'Açoriens parlent anglais, entre autre parce que une grande partie de la population à émigré aux États Unis et aussi au Canada. Nous aurons donc des nouvelles de ce dernier pays en anglais et en français. A Horta par exemple on discute avec deux jeunes qui arrivent du Quebec sur un petit bateau en bois. Ils sont équipiers, le skipper, septuagénaire, emmène son bateau en Méditerranée. Ils ont nous disent-ils eu une traversée assez difficile avec deux dépressions... Hum ca ne me rassure pas mais bon, leur bateau est beaucoup plus petit et ils sont bien arrivés.
Les Açores sont un petit archipel au milieu de l'Atlantique composé de neuf îles volcaniques et verdoyantes. Elles sont au carrefour de trois zones tectoniques, la plaque nord-américaine, Flores et Corvo, la plaque eurasienne, Terceira, Graciosa, Saô Jorge et Saô Miguel, la plaque africaine, Faial, Pico, SantaMaria. On les dit être les restes de l'Atlantide, déjà à priori je le croyais et après y avoir passé presque un mois j'en suis convaincue...en effet leur emplacement de veilleurs au milieu de l'océan, leur beauté, leur relative inaccessibilité par la mer, elles se préservent, n'y rentre pas qui veut, mais une fois qu'on y est leur hospitalité climatique, naturelle et humaine séduit...et surtout la force des énergies ... Waouh... Ces îles volcaniques le sont vraiment. On s'y fait brasser, battre pour être mis à nu comme les blés, ainsi que le dit Khalil Gibran dans son poème sur l'amour. On s'y fait moudre, rouler et cuire sur les roches noires, dans le chaudron des cratères. Journées intenses, l'énergie des lieux invite à explorer les feux d'en bas, les susceptibilités, les peurs, les manques illusoires, les égoïsmes vains, pousse à réfléchir sur la vanité de certains comportements. J'ai réalisé pour la prmière fois que vanité veut dire "vain " ! C'est à dire que ça ne marche pas, ce n'est pas efficace, sans aucun jugement moral, il n'est pas du tout question de morale dans tout ça, seulement d'efficience, d'opérabilité, de réponses, de solutions, de vrai réalité...de joie. Les lieux, la mer, font lâcher les sécurités, les fermetures, les réserves, (on a jamais fini...) et invitent à choisir la vie, la vie en abondance, c'est le message christique, c'est à dire de cet homme Jésus qui est devenu Christ en le réalisant en lui et qui a dit : " je suis venu pour que vous ayez la vie, la vie en abondance! " Gratitude pour cette miséricorde divine, cosmique, inconditionnelle, intentionnelle, informationnelle...Miséricorde veut dire : les entrailles maternelles, c'est ce qu'est la vie pour nous, enceinte maternelle, nous avons un travail de conscience à faire pour le savoir et alors enfin retrouver la maison du Père et tout ouvrir, tout accueillir et tout donner....mais le chemin est long...patience et persévérance sont les meilleures alliées, car la confiance, elle, semble parfois trop inaccessible...comme semble inaccessible l'objectif. Alors simplement se rappeler que ce qui compte ce n'est pas le but c'est le chemin
Îles étonnantes, noires et vertes, nimbées de lumière bleue tout autour, en haut et en bas. La lumière du ciel est partout. Et pour faire plaisir à Christelle ce n'est pas banal
J'ai tout aimé ... Povoaçao, minuscule port de pêche, nous sommes seuls à quai et sur trois jours, tous les jours de nouveaux locaux s'enhardissaient à venir parler avec nous...Dès le premier jour un habitant est sur le quai pour nous assurer que nous pouvons nous accoster et nous aide à amarrer la Gazelle, nous le reverrons en ville, joyeux il nous dit " Bienvenue dans mon pays" et il nous indique un" bon" restaurant ou confiants et affamés après nos huit jours de mer nous allons nous installer. Bien nous en a pris car à peine servi le patron vient nous voir avec son téléphone et au bout du fil notre guide, qui est son cousin(!) nous alerte que la Gazelle secouée par du ressac s'agite au bout de ses amarres. Michel part en courant, le port est au bout de la rue. Il reprend l'amarrage avec notre hôte accueillant et un jeune français rencontré au resto et qui aime naviguer. Le lendemain deux hommes viennent parler avec nous de bateaux de navigations de pêches. Rendez vous est d'ailleurs pris à notre retour éventuel en octobre avec l'un d'eux pour aller pêcher les crakas. La femme qui tient l'office du tourisme aime parler de son île , nous ferons une belle ballade à pieds le long de la côte jusqu'à Ribeira Quente, 18 km dans une végétation luxuriante, chaleur torride, heureusement plusieurs sources généreuses donnent leur eau fraîche et délicieuse .
Le soir au retour nous découvrons avec plaisir le vin blanc à la pression, légèrement pétillant.
Puis cap sur Vila Franca où il n'y a pas de place et c'est très bien car il y en a plein à Ponta Delgada et nous serons à l'heure pour l'arrivée de Mariealice et Guillaume le lendemain.
...Ponta Delgada, grande ville belle et sympathique, rues pavées, bâtiments blancs et pierres noires, arcades, églises. Le front de mer qui encercle le port réserve au milieu une piscine naturelle où le matin au réveil on est seul à aller se baigner...avant d'être rejoints par des femmes et des couples plus âgés que nous ...Au centre de la ville le marché déborde d'ananas, de bananes, production locale, de melons et pastèques de Santa Maria, on les avait vu partir sur des camions...d'ignam, de fromages extras, de fruits de la passion qui régaleront Flavie...
Mariealice vous a décrit la visite de Saô Miguel, et de Santa Maria merci beaucoup,
Sa conclusion est magnifique...Oui !!! passer des questions (et des manques ) aux réponses (et à la puissance d'agir et de jouir)...
J'ai aimé les bains chauds et rouilles...les vapeurs sulfureuses, le soufre c'est l'agitateur, l'adversaire qui nous malmène pour nous faire avancer...c'est aussi le Soufre alchimique, le Fils, l'énergie, l'âme, le ferment transformateur.... Et pour ça oui il transforme !
...Santa Maria ... Des mouillages tranquilles, des plages de sable clair, une eau turquoise, une ambiance familiale, c'est la plus sud des îles et la plus paisible, mais attention l'énergie y est aussi forte. Déjà là , je le redirais plus loin, merci à nos enfants pour leur désir de recherche et leur confiance...
J'ai aimé nos partages avec Mariealice et Guillaume sur la question du mariage, de l'engagement, de la vie à deux, qu'est ce que veut dire aimer? Aidés dans notre réflexion par le conte de " La femme squelette ", racontée chez les Inuit- les Eskimos - et reprise par Clarissa Pinkola Estes dans son magnifique livre Femmes qui courent avec les loups. Ce conte nous intéresse particulièrement à ce moment car y sont décrites les étapes psychiques pour réussir un amour durable. On désire le mariage parce qu'on croit que le pêcheur ou la femme squelette c'est l'autre et qu'il ou elle va nous remettre à vie, comme le pêcheur fait en désenchevêtrant la femme squelette tout en psalmodiant et comme elle fait à son tour en buvant ses larmes et en chantant elle réveille son cœur à lui et reprend corps et Coeur. Grâce au mariage on découvre qu'elle et il sont à l'intérieur de nous ...et que c'est en étant le pêcheur, c'est à dire son propre masculin et la femme squelette, son propre féminin, pour soi même qu'on le devient alors pour l'autre et réciproquement. Pour y arriver on a besoin en chemin que des personnes dés-enchevêtrées nous aide, des thérapeutes qui vont nous assister pour démêler tous les fils de notre histoire, défaire les nœuds, désserrer, délacer, et appliquer des baumes sur les déchirures, réaliser de subtiles épissures pour rétablir les courants d'énergie de vie ...et nous soutenir pour enfin nous libérer ... Cela inspire la métaphore suivante : la rencontre amoureuse nous dépose en hélicoptère au sommet de la montagne et nous jouissons de tout, du ciel, de la vue sur un panorama fantastique d'aiguille de pointes et cimes enneigées, du soleil, de l'air pur. De la haut les aspérités s'amenuisent. Puis on redescend et le mariage nous propose de remonter à pieds pour connaître le chemin et apprendre tout au long de la vie, chercher la route, savourer les fleurs, les senteurs, l'eau des torrents, le sentier en lacets (enlacés), nager dans les lacs et bivouaquer sous le ciel étoilé, parfois accepter quand l'atmosphère est lourde que l'orage éclate, et que la pluie bienfaitrice vienne rincer les humeurs. Explorer, discerner les impasses, s'exercer à ne plus trébucher sur les pierres, ou tomber dans les éboulis, s'éloigner de l'abîme, goûter la vue qui grandit au fur et à mesure de l'ascension "Là sans Sion", sans la peine, vers la Jérusalem nouvelle. Elargir ses perspectives, suer ses peurs et ses lourdeurs, s'alléger du superflu, découvrir le second souffle celui de l'inspir qui se fait tout seul jusqu'à être inspiré et se laisser tracter par la montagne qui nous appelle...jubiler au sommet... Bon en réalité il n'y a pas une mais pleins d'ascensions. C.P.Estés: " Dame Squelette c'est la nature de Vie/Mort/Vie. Les forces de Vie/Mort/Vie font partie de notre nature. C'est une autorité que nous portons en nous et qui connaît les pas de la danse de Vie et de Mort. Elle est composée des parties de nous mêmes qui savent quand quelque chose peut, devrait ou doit venir au monde et quand cela doit mourir (...), je vois dans ce conte une suite de 7 tâches destinées à apprendre à une âme comment aimer profondément une autre (...), la première tâche, la découverte du trésor, se retrouve dans quantités de contes à travers le monde qui décrivent la pêche d'une créature marine. C'est l'annonce d'une lutte acharnée ( à mener) entre ce qui vit dans le monde du dessus et ce qui a été refoulé dans le monde du dessous." "Trois éléments font la différence entre vivre de par l'âme et vivre seulement de par le moi: la capacité de sentir et s'initier à de nouveaux modes, une ténacité suffisante pour avancer sur une voie difficile, la patience d'apprendre avec le temps (à s'aimer et ) à aimer profondément" et plus loin Clarissa insiste: "Il ne suffit pas d'aimer. Il ne suffit pas non plus de "ne pas être un empêchement' pour l'autre, ni de "le soutenir", "d'être là", etc. Il faut viser la compréhension de ce que sont la vie et la mort, en général et en particulier" ...
Et puis on a réfléchi à la place du sacré dans nos vies et dans cet engagement. Comment célébrer en présence de Dieu ce serment, comment traduire aujourd'hui cette foi en la grâce divine, en termes nouveaux, car la spiritualité grandit incroyablement et fait craquer les cadres anciens. Dieu est amour peut se dire aujourd'hui: Tout est énergie, tout est Lumière ... Et c'est aussi le langage de la science quantique. Mais on est incarné, matérialisé et on a besoin de rites de sacrements qui amènent dans la matière l'esprit, c'est à dire l'information originelle, sainte et parfaite.. Quels rites trouver, quels prêtres intermédiaires de la Magie ? Ce n'est pas facile, car l'absence de rite supprime l'aide à l' économie psychique, individuelle et groupale. Et les événements sont d'autant plus énergievore que les émotions ne sont pas reprises au compte du groupe. Quel langage adopter pour exprimer le sacré, qui est là de toutes façons , mais comment le célébrer pour mieux le vivre ensemble ? Comment passer d'un ordre ancien à un nouveau. Comme ces passages précédents : des égyptiens aux hébreux passage du veau d'or, ère du Taureau, à l'agneau pascal, ère du Bélier. Puis passage de la judéité à la chrétienté, ère du Poisson symbole du Christ. Nous sommes maintenant dans l'ère du Verseau, quittant l'ère chrétienne du Poisson, quels signes allons nous découvrir pour exprimer ce nouveau visage de Dieu ? Ce nouveau visage de "l'extérieur " d'où nous viennent des informations nous dit si bien Philippe Guillemant à propos de " L'indéterminisme quantique qui permet d'introduire en tout point du temps des informations issues de l'extérieur de l'espace- temps dans son superbe livre: La physique de la Conscience. Peut être que ce sera de vivre de plus en plus ce que nous disait déjà notre baptême chrétien : nous sommes tous, prêtre, prophète et roi. Vivons vraiment notre royauté et notre sacerdoce chacun !
On a visité le sud ouest et le centre de Saô Miguel, on a bien ri avec Ulysse en sautant et dansant en l'air...Le repas de poissons fut un moment convivial et joyeux. J'ai aimé la navigation jusquà Pico, 24h. Ulysse, comme moi, veut prendre le temps d'un bain avant d'arriver, il est délicieux sous le regard ancestral du mont Pico. Jolie escale à Lages de Pico, Mich veut me faire plaisir et parce qu'on en a vu une m'offre des baleines boucles d'oreille en os de baleine ... Hum , difficile parfois de se comprendre entre homme et femme ! Fou-rire quand Guillaume me dira -" tu as de drôles de boucles d'oreilles " et Michel sérieux à Christelle : " j'en ai d'autres si tu en veux !" ...L'arrivée de la petite famille...de loin on voit le taxi qui s'avance sur le quai jusqu'au bateau, incroyable, quatre portes s'ouvrent en même temps, quatre sourires...Flavie court dans nos bras... Les grands dauphins blancs, Risso's Dolphins, qui sautent en même temps par quatre, c'est surprenant on dirait un escadron des mers extrêmement synchrone , sur la route de Saô Gorge. A Saô Gorge les hommes nous régaleront avec leurs pêches: perroquets, marinés dans le citron et dorades en papillote. Ulysse est fier d'avoir tiré ses premiers poissons. Nous savourons sa présence à bord et lui découvre la joie de la communication avec une toute petite fille, Flavie qui l'appelle rosissant presque -" Ulysse, le frère à papa ", et avec un bébé, les éclats de rire de Laure..Jubilation !
À suivre ...