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8 août 2016

Les Açores avec la petite famille, écrit par Guillaume.

 
"On a aperçu la Gazelle par le hublot, avec Flavie, en passant au-dessus du port d’Horta depuis l’avion en phase d’approche pour un atterrissage sur l’aéroport de l’ile de Faial. « C’est le bateau à Gand-Pa et Gand-Ma ? Oui ? Oui ? » dit –elle en pointant son petit indexe vers le port. La Gazelle attend paisiblement à quai, sans bateau à couple, même pas un, ce qui est une chance pour la saison et pour le port d’Horta, unique escale pour les voiliers de retour des Antilles. Débarqués, on trouve rapidement un taxi pour charger nos (trop) nombreuses valises. Le chauffeur parle un anglais bien américanisé. Comme beaucoup d’Açoriens, il a vécu et travaillé plus de 20 ans aux USA. En moins de 15 minutes, nous voilà droppés sur le port avec nos bagages et nos petites filles qui ont été très sages pendant ces 2 vols nécessaires pour rejoindre les Açores depuis Nantes. Les retrouvailles sont chaleureuses et rapides. On se sent attendus et souhaités. Flavie retrouve avec plaisir les bras de ses grand-parents quittés un mois plus tôt par une après-midi pluvieuse à Pornichet. Anne, Michel et Ulysse ont déjà fait le tour du port, connaissent la plage de Porto Pim et ont même diné dans ce fameux restaurant ou on grille soi-même le poisson. Ils ont réservé 2 restaurants (dont une table chez « Peter ») pour le soir même, mais la fatigue et les filles qui doivent se coucher tôt (2 heures de décalage horaire avec la France) nous obligent à décommander pour diner à bord. On descendra ce soir-là la première des nombreuses bouteilles de vin blanc que nous dégusterons tout au long de notre séjour aux Açores. Un vin blanc d’ici bien sûr, sans prétention, mais qui se boit très curieusement vite…  Qu’il fait bon retrouver Horta. Horta c’est pour moi véritablement le sommet de l’Atlantique, que je comparerai au sommet de la verte, même si je n’y suis pas encore allé…! en un peu plus confortable quand même: on peut prendre une douche et y a des bars et des restaurants ! Pour paraphraser Rebuffat qui a dit : « Avant la Verte on est alpiniste, à la Verte on devient montagnard... », on pourrait dire de Horta : Avant les Açores on est plaisanciers, à Horta on devient un marin…C’est à la fois une victoire d’y arriver, et comme au sommet, on sait que l’autre moitié du trajet nous y attend, aussi longue, aussi imprévisible, aussi belle. Ça donne une atmosphère unique. On y reprend son souffle. On échange des expériences et des avis. On profite pour les mieux préparés. On pense ses plaies pour les infortunés ou les néophytes. Dans ce port de légende comme en témoigne les innombrables peintures qui le décorent, on y croise des marins de tous les horizons. Et sans même toujours discuter, ces regards échangés, remplis d’estime mutuelle, contribuent à nous donner la force de repartir. Le Lendemain de notre arrivée, pour ne pas perdre les bonnes habitudes, Flavie et Laure nous organisent un réveil aux aurores. La veille, on n’avait pas osé prendre la décision de se lever tôt pour monter au Pico le volcan tout proche, sur l’île du même nom, en face de Horta, et qui culmine à plus de 2400m au-dessus du niveau de la mer (certainement un peu plus par marée bien basse…Bon mais là il est 6h30 (8h30 en France), tout le monde est réveillé, et nos deux petits mousses ne semblent pas d’humeur à retourner dans la couchette. Je suis déjà monté au Pico 2 fois lors de mes précédentes escales. Du coup, je propose aux autres d’y monter pendant que je garde les petites. Un bateau part du port d’Horta pour Pico à 7h30. Les sacs sont bouclés rapidement et tout le monde sauf Laure et moi sautent dans un taxi pour le terminal maritime. Flavie, dans un élan ultime de générosité envers sa maman, grimpe sur son dos pour ne plus le quitter jusqu’au sommet. Flavie pèse environ 15kg + le sac de portage… je vous laisse imaginer les 1000 mètres de dénivelé.J’avais un souvenir assez vague de l’ascension, et un peu oublié à quel point le caillou est abrasif, et la pente escarpée sur ce paysage lunaire.

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 De retour en bas vers 17h après 6 heures de marche, Michel n’a plus de semelles sur ces running, et Chris qui en a plein le dos, me reproche à demi-mots de ne pas les avoirs prévenus d’une ascension si technique (il faut parfois mettre les mains). A bon entendeur…Là-haut, ils ont profités d’une superbe mer de nuages, à défaut d’un panorama sur l’archipel. Le lendemain, on appareille pour le port de Vehla sur l’ile de Sao Jorge. J’ai là-bas des souvenirs encore bien présents de chasses au Perroquet (le poisson !) miraculeuses, avant une dégustation à la tahitienne, mariné dans le jus de citron. On mouille devant l’entrée du port. Le contexte cette année est un peu moins bucolique, puisqu’une extension de la jetée est en cours de construction. En témoigne cette photo d’Anne ou l’on croit voir le mont Pico littéralement péché par une grue du chantier. Heureusement, ce vacarme diurne (sur ce mouillage-là, on aura au moins les nuits pour nous…) n’a heureusement pas fait fuir nos perroquets. D’ailleurs, ce sont eux qui nous attaquent les premiers. Ils se jettent sur les orteils d’Anne qui, comme à son habitude, prends son bain dans la minute après que l’ancre ait pris le sien. Ulysse, en bon fils à Maman lui vengera ses orteils picorés quelques minutes plus tard à l’aide d’une fusil harpon. La chasse se révèle bonne… enfin pour ceux qui connaissent la technique du dentifrice dans le masque. Pour les autres cette partie de pêche ne laissera qu’un vague souvenir brumeux… hein Michel ? Le lendemain, on visite les abords de la ville, s’approvisionne auprès des magasins locaux, et on appareil dans l’après-midi pour le mouillage de Caleta, une dizaine de miles plus à l’Est toujours sur l’île de Sao Jorge. Cette Caleta (calanque en portugais) ne se révélera pas assez hospitalière à notre gout pour y passer la nuit, et nous décidons de continuer vers Terceira distante de 30 miles environ. On arrivera à Angra Do Heroismo de nuit, pour mouiller dans l’avant-port. La houle est bien présente et l’absence de vent nous place dans son travers, générant un roulis assez désagréable, sauf pour Ulysse qui dort dans un hamac sur le pont. Le lendemain matin, on va accoster dans la Marina. Mais la houle rentre dans le port, et nos haussières couinent malgré les amortisseurs. Après une visite de la ville rapide, on appareille pour Praia da Vitoria qui est dans l’Est de l’île et se trouve à quelques kilomètres de l’aéroport d’où Ulysse doit s’envoler le lendemain matin. C’est la semaine de la fête sur le port. Une fête traditionnelle, bon enfant le jour, et qui se transforme en festival Dance/techno monstrueusement décibélée de minuit à 7h00 du matin. Et notre mouillage se trouve à moins de 200m sous le vent de la scène… Autant dire qu’on est aux premières loges, et c’est littéralement tout le bateau qui vibre au son des basses. L’avantage c’est que Ulysse ne risque pas de rater son avion puisque c’est comme si le réveil avait sonné toute la nuit sans discontinue. Les 2 nuits que nous passerons-là seront bien rythmées, à défaut d’être reposantes. Pendant la journée, Praia da Vitoria offre un mouillage vraiment paisible dans ce gigantesque avant-port. Nous avons mouillé à moins d’une demi-encablure de la plage de sable châtain clair ou Flavie fait réellement ses débuts en natation. La farniente sur le pont dans le hamac y est des plus agréables… avant que la boite de nuit ne ré-ouvre ses portes. Laure profite du cockpit pour prendre un bain dans un espèce de bateau gonflable. Elle a l’air d’apprécier. Après 2 nuits passées à vibrer, et après une belle manœuvre pour aller accoster au ponton histoire de faire le plein d’eau, nous décidons d’aller mouiller la Gazelle de l’autre côté de la baie pour notre dernière nuit à Terceira. On appareille pour Graciosa le 2 Août au matin. La météo annonce du vent dans le pif, un peu, mais on espère  pouvoir faire la route directe sous le vent de l’île (côte Nord). Mauvais plan. La mer est assez calme, par contre le vent absent proche de l’île nous oblige à nous en écarter. Au final, nous mettrons plus de 12 heures à couvrir les 40 miles qui nous séparent de Graciosa, et ce, dans des conditions musclées : 25/30 nœuds de Ouest-Sud-Ouest. Heureusement la Gazelle est à l’aise sous 2 ris /trinquette, malgré la mer qui s’est creusée, et c’est un vrai plaisir de barrer. Les petites ne semblent pas du tout importuner par ces conditions agitées. Chris en revanche, profitera de cette journée pour faire un jeune et inspecter minutieusement les moindres recoins de sa cabine qu’elle ne quittera pas de toute la traversée. Graciosa est l’ile la plus septentrionale du groupe du milieu. Moins touristique, elle offre un port rikiki encore bien dans son jus de pêche, ou une balade pieds nus sur les quais se terminera forcément par un hameçon accroché entre 2 orteils. Arrivant de nuit, nous décidons de mouiller dans l’avant-port, d’autant que les 25-30 nds sont encore établis (voir plus en rafale) et notre propulseur d’étrave est d’humeur plutôt lunatique. Même le lendemain alors que le vent est un peu tombé, nous décidons de rester au mouillage. La baie est belle, abritée et sauvage. Les fonds n’y sont pas importants et  parsemées de tête des roches volcaniques ce qui en fait un parfait sanctuaire à poisson. Avec Michel, on s’équipe pour aller chasser. Cette fois, le masque soigneusement astiqué au dentifrice, Michel ramène un beau poisson. Une sorte de croisement entre la dorade et le bar. Je me contenterai de quelques perroquets. Nous déjeunons de notre pêche, arrosée d’un peu de vin blanc comme à notre habitude. A peine terminé la bouteille, le bateau pilote qui sort du port pour aller servir son pilote à un petit paquebot, nous demande de nous écarter du chenal. Le Paquebot en question est l’ancien « Chartres » que Michel a piloté entre Dunkerque et Douvres il y a 30 ans (souvenirs – souvenirs). Il fait maintenant la liaison inter-îles dans l’Archipel des Açores. Nous nous retrouvons à changer de mouillage en 4ème vitesse, alors le Chartres accoste en s’aidant d’une pioche qu’il laisse à trainer. Nous remouillons donc qq mètres plus excentrés de l’axe du chenal. Bonne tenue malgré les rafales. Anne, comme à son habitude ne tarde pas à aller gouter l’eau. Cette fois, équipée d’un masque, c’est pour nous annoncer que la pioche est prise dans un gros bout au fond. Au moins, on ne bougera plus. Et puis les Pilotes semblent contents de notre nouvel emplacement. On décide d’aller à terre. En taxi, on monte pour le gouffre du Furna do Enxofre. Après une jolie balade dans le cratère, nous descendons dans sa caverne gigantesque ou sommeille un lac souterrain agrémentés de sources sulfureuses chaudes.  Nous ferons ensuite un tour par Santa Cruz de Graciosa pour prendre un bain et manger un petit Magnum® bien mérité! Nous avons décidé de faire la dernière navigation de nuit pour rejoindre Horta. Mais pour pouvoir appareiller, il nous faut pouvoir remonter l’ancre qui est prise dans ce fameux gros bout. Il y a 8 mètres de fond. Le vent qui a pousser la Gazelle a contribué à enfouir la pioche suffisamment profond, si bien que nos efforts en apnée se révèlent inutiles. Nous décidons alors de sortir notre équipement spécial : une petite bouteille de plongée offerte par Guillaume A. et Marie-Alice nous permet de descendre au fond bien tranquillement pour dégager la pioche, et finalement couper l’aussière à la scie à métaux. Voilà la Gazelle libérée ...                            Entre temps, un pécheur rencontré la veille au bar/restaurant de Praia nous offre du poisson. C’est-à-dire que depuis sa minuscule barque de pèche, il nous jette sur le pont, pratiquement sur les genoux de Chris, 2 énorme murènes qu’il vient de pécher. Il pousse l’hospitalité jusqu’à nous les préparer en morceaux que nous ferons griller dans les 2 jours suivants. Au final, même si je me serai appliqué à essayer de pêcher à la ligne lors de nos navigations, sans le moindre succès, nous aurons mangé du très bon et très frais poisson tout au long de notre séjour à bord de la Gazelle.                                                                         Sur ces 15 jours, nos 2 petites se seront remarquablement adaptées à l’environnement marin. La promiscuité d’un voilier aura fait profiter à tout l’équipage de longues journées qui commencent très tôt. Les Açores ont tenus toutes leurs promesses quant à leur paysage encore bien préservés, accompagnés d’une météo idéale. Enfin, je tiens à remercier nos hôtes/marins/skipper/babby-sitter/grands-Pa-Ma pour leur accueil chaleureux, rassurant attentionné et challengeant au moins sur le plan spirituel, qui n’est peut-être pas encore notre champs d’expertise à Chris et à moi.                                                                 Bonne continuation, bonne navigations, vive les Açores et que vogue la Gazelle et son équipage."

 Merci Guillaume pour ce beau récit chaleureux, détaillé et qui fourmille de précisions pittoresques et subtiles 

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