Les Açores avec la petite famille, écrit par Guillaume.
De retour en bas vers 17h après 6 heures de marche, Michel n’a plus de semelles sur ces running, et Chris qui en a plein le dos, me reproche à demi-mots de ne pas les avoirs prévenus d’une ascension si technique (il faut parfois mettre les mains). A bon entendeur…Là-haut, ils ont profités d’une superbe mer de nuages, à défaut d’un panorama sur l’archipel. Le lendemain, on appareille pour le port de Vehla sur l’ile de Sao Jorge. J’ai là-bas des souvenirs encore bien présents de chasses au Perroquet (le poisson !) miraculeuses, avant une dégustation à la tahitienne, mariné dans le jus de citron. On mouille devant l’entrée du port. Le contexte cette année est un peu moins bucolique, puisqu’une extension de la jetée est en cours de construction. En témoigne cette photo d’Anne ou l’on croit voir le mont Pico littéralement péché par une grue du chantier. Heureusement, ce vacarme diurne (sur ce mouillage-là, on aura au moins les nuits pour nous…) n’a heureusement pas fait fuir nos perroquets. D’ailleurs, ce sont eux qui nous attaquent les premiers. Ils se jettent sur les orteils d’Anne qui, comme à son habitude, prends son bain dans la minute après que l’ancre ait pris le sien. Ulysse, en bon fils à Maman lui vengera ses orteils picorés quelques minutes plus tard à l’aide d’une fusil harpon. La chasse se révèle bonne… enfin pour ceux qui connaissent la technique du dentifrice dans le masque. Pour les autres cette partie de pêche ne laissera qu’un vague souvenir brumeux… hein Michel ? Le lendemain, on visite les abords de la ville, s’approvisionne auprès des magasins locaux, et on appareil dans l’après-midi pour le mouillage de Caleta, une dizaine de miles plus à l’Est toujours sur l’île de Sao Jorge. Cette Caleta (calanque en portugais) ne se révélera pas assez hospitalière à notre gout pour y passer la nuit, et nous décidons de continuer vers Terceira distante de 30 miles environ. On arrivera à Angra Do Heroismo de nuit, pour mouiller dans l’avant-port. La houle est bien présente et l’absence de vent nous place dans son travers, générant un roulis assez désagréable, sauf pour Ulysse qui dort dans un hamac sur le pont. Le lendemain matin, on va accoster dans la Marina. Mais la houle rentre dans le port, et nos haussières couinent malgré les amortisseurs. Après une visite de la ville rapide, on appareille pour Praia da Vitoria qui est dans l’Est de l’île et se trouve à quelques kilomètres de l’aéroport d’où Ulysse doit s’envoler le lendemain matin. C’est la semaine de la fête sur le port. Une fête traditionnelle, bon enfant le jour, et qui se transforme en festival Dance/techno monstrueusement décibélée de minuit à 7h00 du matin. Et notre mouillage se trouve à moins de 200m sous le vent de la scène… Autant dire qu’on est aux premières loges, et c’est littéralement tout le bateau qui vibre au son des basses. L’avantage c’est que Ulysse ne risque pas de rater son avion puisque c’est comme si le réveil avait sonné toute la nuit sans discontinue. Les 2 nuits que nous passerons-là seront bien rythmées, à défaut d’être reposantes. Pendant la journée, Praia da Vitoria offre un mouillage vraiment paisible dans ce gigantesque avant-port. Nous avons mouillé à moins d’une demi-encablure de la plage de sable châtain clair ou Flavie fait réellement ses débuts en natation. La farniente sur le pont dans le hamac y est des plus agréables… avant que la boite de nuit ne ré-ouvre ses portes. Laure profite du cockpit pour prendre un bain dans un espèce de bateau gonflable. Elle a l’air d’apprécier. Après 2 nuits passées à vibrer, et après une belle manœuvre pour aller accoster au ponton histoire de faire le plein d’eau, nous décidons d’aller mouiller la Gazelle de l’autre côté de la baie pour notre dernière nuit à Terceira. On appareille pour Graciosa le 2 Août au matin. La météo annonce du vent dans le pif, un peu, mais on espère pouvoir faire la route directe sous le vent de l’île (côte Nord). Mauvais plan. La mer est assez calme, par contre le vent absent proche de l’île nous oblige à nous en écarter. Au final, nous mettrons plus de 12 heures à couvrir les 40 miles qui nous séparent de Graciosa, et ce, dans des conditions musclées : 25/30 nœuds de Ouest-Sud-Ouest. Heureusement la Gazelle est à l’aise sous 2 ris /trinquette, malgré la mer qui s’est creusée, et c’est un vrai plaisir de barrer. Les petites ne semblent pas du tout importuner par ces conditions agitées. Chris en revanche, profitera de cette journée pour faire un jeune et inspecter minutieusement les moindres recoins de sa cabine qu’elle ne quittera pas de toute la traversée. Graciosa est l’ile la plus septentrionale du groupe du milieu. Moins touristique, elle offre un port rikiki encore bien dans son jus de pêche, ou une balade pieds nus sur les quais se terminera forcément par un hameçon accroché entre 2 orteils. Arrivant de nuit, nous décidons de mouiller dans l’avant-port, d’autant que les 25-30 nds sont encore établis (voir plus en rafale) et notre propulseur d’étrave est d’humeur plutôt lunatique. Même le lendemain alors que le vent est un peu tombé, nous décidons de rester au mouillage. La baie est belle, abritée et sauvage. Les fonds n’y sont pas importants et parsemées de tête des roches volcaniques ce qui en fait un parfait sanctuaire à poisson. Avec Michel, on s’équipe pour aller chasser. Cette fois, le masque soigneusement astiqué au dentifrice, Michel ramène un beau poisson. Une sorte de croisement entre la dorade et le bar. Je me contenterai de quelques perroquets. Nous déjeunons de notre pêche, arrosée d’un peu de vin blanc comme à notre habitude. A peine terminé la bouteille, le bateau pilote qui sort du port pour aller servir son pilote à un petit paquebot, nous demande de nous écarter du chenal. Le Paquebot en question est l’ancien « Chartres » que Michel a piloté entre Dunkerque et Douvres il y a 30 ans (souvenirs – souvenirs). Il fait maintenant la liaison inter-îles dans l’Archipel des Açores. Nous nous retrouvons à changer de mouillage en 4ème vitesse, alors le Chartres accoste en s’aidant d’une pioche qu’il laisse à trainer. Nous remouillons donc qq mètres plus excentrés de l’axe du chenal. Bonne tenue malgré les rafales. Anne, comme à son habitude ne tarde pas à aller gouter l’eau. Cette fois, équipée d’un masque, c’est pour nous annoncer que la pioche est prise dans un gros bout au fond. Au moins, on ne bougera plus. Et puis les Pilotes semblent contents de notre nouvel emplacement. On décide d’aller à terre. En taxi, on monte pour le gouffre du Furna do Enxofre. Après une jolie balade dans le cratère, nous descendons dans sa caverne gigantesque ou sommeille un lac souterrain agrémentés de sources sulfureuses chaudes. Nous ferons ensuite un tour par Santa Cruz de Graciosa pour prendre un bain et manger un petit Magnum® bien mérité! Nous avons décidé de faire la dernière navigation de nuit pour rejoindre Horta. Mais pour pouvoir appareiller, il nous faut pouvoir remonter l’ancre qui est prise dans ce fameux gros bout. Il y a 8 mètres de fond. Le vent qui a pousser la Gazelle a contribué à enfouir la pioche suffisamment profond, si bien que nos efforts en apnée se révèlent inutiles. Nous décidons alors de sortir notre équipement spécial : une petite bouteille de plongée offerte par Guillaume A. et Marie-Alice nous permet de descendre au fond bien tranquillement pour dégager la pioche, et finalement couper l’aussière à la scie à métaux. Voilà la Gazelle libérée ... Entre temps, un pécheur rencontré la veille au bar/restaurant de Praia nous offre du poisson. C’est-à-dire que depuis sa minuscule barque de pèche, il nous jette sur le pont, pratiquement sur les genoux de Chris, 2 énorme murènes qu’il vient de pécher. Il pousse l’hospitalité jusqu’à nous les préparer en morceaux que nous ferons griller dans les 2 jours suivants. Au final, même si je me serai appliqué à essayer de pêcher à la ligne lors de nos navigations, sans le moindre succès, nous aurons mangé du très bon et très frais poisson tout au long de notre séjour à bord de la Gazelle. Sur ces 15 jours, nos 2 petites se seront remarquablement adaptées à l’environnement marin. La promiscuité d’un voilier aura fait profiter à tout l’équipage de longues journées qui commencent très tôt. Les Açores ont tenus toutes leurs promesses quant à leur paysage encore bien préservés, accompagnés d’une météo idéale. Enfin, je tiens à remercier nos hôtes/marins/skipper/babby-sitter/grands-Pa-Ma pour leur accueil chaleureux, rassurant attentionné et challengeant au moins sur le plan spirituel, qui n’est peut-être pas encore notre champs d’expertise à Chris et à moi. Bonne continuation, bonne navigations, vive les Açores et que vogue la Gazelle et son équipage."
Merci Guillaume pour ce beau récit chaleureux, détaillé et qui fourmille de précisions pittoresques et subtiles