DE FAIAL A TERCEIRA par SAO GEORGE
Açores
Faial...le jeudi 17 aout La première journee à Horta sera sous le signe du repos. Aprés un bain à la plage de Porto Pim,une glace chez Peter Café la sieste est incontournable. La piste de bob sleigg de la veille qui nous a propulsé à 8-9 nœuds de Flores à Horta nous a tenus en haleine jusqu'à 3h du matin. Les deux mois qui viennent de s'écouler furent intensifs et réclamèrent notre vigilance constante. Le convoyage découverte du sud du golf du St Laurent de la Gaspésie à Cap Breton en passant par l'île du Prince Édouard, le Nouveau Brunswick, la Nouvelle Écosse et jusqu'à Terre Neuve fut époustouflant. Vingt-sept escales en vingt-neuf jours au milieu de paysages beaux à couper le souffle et dont la puissance énergétique requiert toute notre attention. La magnificence de cette nature sauvage sollicite notre obligeance, comme devant un monarque absolu la vénérer s'impose et l'aimantation qu'elle exerce sur nous oriente nos forces vers sa contemplation dans laquelle notre personne disparait. C'est délicieux de n'être plus que fétu de paille dans cet environnement grandiose, de n'être presque plus rien en comparaison de cette immensité dont la proximité sans filtre nous saisit et nous dilue. Et c'est en même temps difficile car dans la vie courante à terre nous sommes rassurés par l'existence de notre personne dont tous les miroirs sociaux nous renvoient l'image. Bien sûr pendant quelques semaines en mer la perte de ces images est brève mais suffisante pour que parfois nous nous tournions comme à la recherche de nous même. De plus une transat est encore une navigation nouvelle pour nous qui réclame nos forces dans le combat pour surmonter les peurs et développer l'adaptatibilité nécéssaire à cet univers marin si différent de celui de la terre. L'élément eau est toujours mouvant, pénétrable et insondable, proche et lointain, proche par la vie qu'il apporte, les bons bains et lointain tant il ne permettrait notre survie en son sein que quelques heures. Un de nos objectifs était d'être à temps au rendez vous à Horta avec notre fille et son bébé. Nous y sommes et la pression retombe. Le soir balade tranquille dans Horta ville mythique des croisiéristes à la voile et coureurs au large. Ses longs quais sont accueillants, où s'alignent les blasons peints par les équipages de tous les bateaux venus s'assoupir sur ses flancs le temps d'une escale, d'un séjour ou même d'un hivernage. Ces bateaux qui viennent et reviennent à Horta comme en pèlerinage,pour se ressourcer là où sont venus les premiers voiliers plaisir et amour de la mer de leurs capitaines Moitessier, Slocum, Tabarly ...Les blasons racontent le bateau, les navigations, les marins Vendredi l'équipage est au poste de propreté et d'entretien. Lessives, nettoyage des cabines et toilettes arrières, et surtout démontage des cloisons du cabinet de toilette avant pour sortir et vérifier l'écoulement du lave linge qui ne répond pas à la demande de vidange. Ce gros travail est assuré par Michel qui vérifie tout et après ... ça marche ! Ouf car pour les layettes et langes ce sera bien utile. Le remontage des cloisons est un vrai casse tête chinois ...Le soir nous fêtons ça chez Genuino, généreux, attentif. Il est le seul navigateur Açorien à avoir accompli deux fois le tour du monde avec son voilier, Hemingway, en 2002 et 2011. Il a ensuite ouvert un excellent petit restaurant où par la décoration de pavillons, tee-shirts et souvenirs de tous les pays accostés, par le livre récit-photos qu'il met à la disposition des clients, il partage volontiers son expérience avec classe et discrétion. Communier à un délicieux repas de thon grillé et un exquis dessert de gâteau au chocolat , crème glacé et crumble nous met en joie quand un sublime concert de Fado couronne le tout. Trois musiciens guitares et mandoline accompagnent trois chanteuses magnifiques et vouée à ces chants et tous nous régalent l'oreille et l'âme. Nous remercions chaleureusement Genuino et lui achetons le disque de Fado composé pas ses amis pour lui, à son tour il offre son teeshirt à Michel qui très fier va le porter trois jours durant ... Samedi nous finissons les rangements de La Gazelle et quelques courses . Après un long bain mérité à Porto Pim nous grimpons sur la presqu'île jusqu'à la petite chapelle et la vue sur le cratère au Sud. Dimanche 20 aout . Le Tour de l'île en scooter nous fait longer la côte ouest jusqu' aux trois Capelinhos. Collines lunaires de roches et de sable formées lors de la dernière explosion volcanique en 1957 elles baignent dans l'eau bleue. La plus à l'Est représente un splendide SPHYNX. Je reste longtemps estomaquée et émerveillée devant ce prodige. Et je répète béatement que c'est miraculeux un SPHYNX ressurgi des entrailles de la terre ici quand on imagine que les Açores sont les restes de l'Atlantide et que les atlantes étaient les pharaons ! Sur le retour par la côte nord nous haltons brièvement à Norte Grande où les chants de l'église ouverte et pleine à craquer nous appellent. L'assemblée célèbre la nomination d'une jeune femme peut être au poste de diacre ? Lundi grand jour, la bruine complique un peu nos préparatifs. Avant de rendre le scooter, au marché nous trouvons des figues, des bananes, un ananas, des oranges, des concombres, des kiwis, des confitures...et au supermarché Continent le renouvellement d'épicerie. L'avion arrive à 16h45 nous avons le temps de faire le lit, finir des petites réparations, préparer le dîner, des montécaos et ensuite de prendre un rapide déjeuner quand un avion passe au dessus de nos têtes...affolement c'est sûrement l'avion de Lisbonne ce n'est pas 16h45 mais 15h45 l'arrivée ! Michel, on y sera pas! C'est pour cela que notre voisin qui rentre en avion est déjà parti! On laisse tout en plan et on fait un sprint jusqu'à la station...heureusement un taxi est là, " à l'aéroport s;il vous plaît, vite merci" ! Horta est une petite ville mais il pleut et quelques ralentissements me font bouillir. Notre fille compte sur nous à la descente de l'avion pour prendre le bébé pendant qu'elle récupère ses bagages... le temps qu'il faut pour installer les passerelles avant l'ouverture des portes nous en donne un peu...L'aéroport nous avait paru loin lorsqu'on est passé en scooter mais là il me paraît à l'autre bout de l'île...Enfin 1/4 d'heure plus tard on y est, vite aux arrivées....déjà plus personne... je suis désolée... quand on comprend que le vol n'était pas celui de la compagnie aérienne attendue, celui de notre fille arrive à 16h 30 annoncé avec 1/4 d'heure d'avance ...au moins nous serons là ...La joie est là de les appercevoir descendre de l'avion, par contre on ne les voit pas dans le hall et il faudra attendre que les bagages soient livrés pour voir surgir des portes automatiques les précieuses voyageuses ... Quand Éléanor arrive elle magnétise l'attention. Le bleu regard attentif et présent qu'elle pose sur nous aimante le notre en retour. À trois mois son observation douce et tranquille de tout ce et ceux qui l'entourent est édifiante...Avec une grande joie nous l'accueillons avec sa Maman sur La Gazelle qui sort son bimini pour les protéger de la pluie venue saluer leur arrivée. Mais qu'importe il est bon d'arriver. Deux fois deux heures trente d'avion par Lisbonne c'est déjà un grand voyage. Le regard bleu s'éclaire et devient tout sourire. La petite mousse s'amarine tout de suite, nourrie par sa Maman elle dort hyper bien sur la couchette de la cabine arrière. Mardi il fait meilleur temps, nous sommes fiers de présenter la ville le matin et l'après midi la plage où notre matelote fait la sieste et nous un peu de natation suivie d'une douche; De retour à bord c'est le tour d'Éleanor de prendre un bain dans le petit bateau en plastique sur la table du carré, qu'est ce que ça lui plait ! Puis nous avons le temps de céder aux usages en peignant sur le quai une belle Gazelle d'or sur fond argent, signant ainsi son passage à Horta en 2016 et 2017 Mercredi départ pour Saô George où rattrapant Manara nous prenons un mouillage devant le port. Le site est très beau et tout le monde va prendre un long bain. Avec Michel nous nageons jusqu'au voilier de Jeanluc et Nicole pour les inviter avec le fils de Nicole, Grégory, à l'apéro préféré des québécois : les nachos. Lendemain nous rendons visite à Saô George. A Velas nous passons devant l'énorme dragon qui flotte dans un bassin devant l'église, le fameux dragon de st Georges... Dans une rue plus haut une agence de location dispose d'une voiture et nous sommes contents de nous mettre en route pour les hauts plateaux de l'île célèbres pour leur verdure, leurs pâturages, leurs fromages et ...leurs nuages ...Ce qui nous valut d'ailleurs de nous perdre dans le brouillard sur les petites routes et nous retrouver au bout de l'île à la recherche de Michel parti faire un trail à l'invitation un peu pressante de Jean Luc. En effet nous avons croisé à deux ou trois reprises " par hasard " l'équipage de Manara et encore deux fois, plus tard, à Terceira. Vendredi la Navigation pour Terceira est agréable au portant, notre moussaillonne fait paisiblement la sieste dans le cockpit. La soirée approche et nous décidons de mouiller devant Angra de Heroismo pour la nuit nous offrant ainsi un long bain le soir et le matin jusqu'à la plage. Samedi nous mettons le Cap sur Praia de Vittoria, une bonne navigation au prés dans une mer un peu hachée nous fait dépasser le port de Praia avant de virer pour, sur le bord suivant, entrer dans la baie et dans la marina où arrive le soir le père d' Éléanor ...déjà avant l'atterrissage de l' avion après son bain elle nous a fait des discours sérieux et persuasifs sur tout ce qu'elle ressentait. Le soir elle a tout répété à son papa pour célébrer les retrouvailles. La petite famille est heureuse d'être réunie Nous sommes bien au ponton extérieur de ce petit port charmant. Le diner est sympathique et convivial, nous sommes ravis d'aller ensuite dormir ...Par contre... on savait qu'il fallait absolument éviter la première semaine d'août pour cause de festivités bruyantes toute la nuit, maintenant nous savons qu'il faut aussi fuir Praia les vendredis et samedis soirs d'été, les bars dansants ouvrant tout grand leurs portes sur la mer. Moins fatigués nous serions aller danser avec eux mais la vie en mer et le nomadisme absorbe presque toute notre énergie .... Dimanche retour à Angra, au port cette fois et visite de la très jolie ville inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco ...renseignements pris nous demandons à un taxi de nous amener dans le petit port de pêche du village voisin mais le restaurant" victime " de son succes est bondé et avec le petit bébé nous ne pouvons nous permettre d'attendre qu'une table se libère...le temps de voir le soleil se coucher derriere les hauteurs nous cherchons une autre adresse et un petit restaurant de poissons et fruits de mer en retrait près de l'église nous accueille. Nous réfléchissons a notre programme. prenons nous le temps de visiter les Açores au risque d'avoir ensuite de moins bonnes conditions pour la traversée vers l'Espagne? où misons nous sur le confort en partant plus tôt dans des conditions correctes? Ce n'est pas clair la météo n'étant pas si clémente car les vents soufflent d'est où nous allons. Michel demande conseil a notre routeur préféré qui est septique par rapport à l'option départ dès que nous sommes prêts, car ce sera une petite semaine de prés ! Attendez dit il j'appelle mon copain qui a un logiciel de routage et on en reparle ... Une heure plus tard il nous rappelle, ça y est j'ai trouvé ! il suffit que vous partiez demain matin vous faites du Nord pendant 24 h, vous passez au dessus de la dorsale et là vous trouvez du portant jusqu'à l'arrivée...Aussitôt nous téléchargeons le logiciel Wicks, quelle joie pour Michel aprés quelques temps de recherche de trouver à son tour notre routage bien détaillé pour la semaine de mer. Nous sommes bien reconnaissants envers notre routeur futé pour cette information précieuse, qui va s'averrer extrêmement précise, juste et efficace. En effet en 24 h au moteur entrecoupé de petit moments de voile au portant , nous atteignons le nord de la dorsale et c'est parti pour 6 jours de spinaker le jour et de plein génois vent de travers la nuit. Ce rythme régulier nous laisse le temps jouer avec notre moussaillonne, de lire, discuter, contempler Pardonnez le style d'écriture parlé car j'ai rédigé cet article pendant un quart de nuit pendant la traversée entre les Açores et l'Espagne Actuellement nous sommes rentrés en Loire Atlantique après une navigation un peu musclée dans le golfe de Gascogne que je raconterai plus tard je reprends le travail lundi 25 septembre a mon cabinet Bd Schuman... suite des aventures bientôt ...
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